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MA PREMIÈRE TRICHROMIE

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Depuis quelques semaines, sur le forum de Galerie-Photo, la TRICHROMIE alimente bon nombre d'articles, commentaires et tout particulièrement un blog dédié.

 

Je m'intéresse de près à cette façon ancienne (Prokudin-Gorskii ou Bernard F.EILERS par exemple) d'obtenir des images en couleur à base de prises de vues en noir et blanc.

 

Finalement je craque et reçois dans les 48 heures un jeu de filtres fourni par notre ami Henri GAUD, l'instigateur.

 

Vu la relative fragilité des filtres (gélatine Lee), je pense à un support permettant des manipulations aisées ; il y a en effet 3 vues à réaliser en un court instant pour limiter la parallaxe temporelle particulièrement sensible lors de prises de vues de paysages à cause des nuages qui se déplacent.

 

Comme cette série de trois filtres risque d'être utilisée avec des appareils et optiques divers, il fallait trouver un système polyvalent tout en respectant leur intégrité.

 

Une chute de carton pour passe-partout a fait l'affaire.

 

Le traçage :

 

6 fenêtres carrées de 9cm, les filtres étant de 10cm de côté.

 

La découpe, comme pour une Marie-Louise ; ce qui fait un petit entraînement en passant.

 

Remarquez la découpe particulière de la lame de l'outil de coupe à 45°.

Elle est arrondie ; ce qui permet des coupes plus faciles.

Un tel affûtage permet un très grand nombre de coupes franches.

À remarquer également une petite butée réalisée en carton dur de bonne épaisseur (rectangle blanc à côté du ressort) qui évite de couper trop profond, de défoncer inutilement le tapis de coupe et de se laisser entraîner par ce dernier.

 

 

Les fenêtres ouvertes ; reste à couper en deux, placer les filtres qui seront maintenus avec un tout petit bout d'adhésif :

 

En final, des pinces Aclé® solidarisent le tout qui reste démontable et évolutif.

 

 

 

Sur le terrain, la manipulation est aisée et rapide :

 

Détail :

Miroir relevé, la main droite tient un déclencheur pneumatique ; la gauche tient les filtres.

(Photos de l'auteur lors de la prise de vue "la balançoire jaune", prise par Marie)

On pourrait objecter que l'appareil bouge entre les prises de vues et qu'en final il soit difficile de superposer les trois images.

Si le pied est bien installé, la rotule bien serrée et avec un minimum de précautions élémentaires, il n'en est rien.

Il y a inévitablement quelques mouvements lors des manipulations (avancement du film, relevage du miroir, changement de vitesse), mais l'ensemble reprend sa position d'équilibre aussitôt.

 

 

Reste à développer les deux bobines prises ce premier jour de trichromie !

Je ne le fais que quatre jours après :

2 TMax 400 pendant 10 mn dans du microphen pur.

TMax car je n'avais que ça au frais, microphen car j'en ai récupéré de quoi faire quelques 30 litres ; ce qui convient parfaitement aux cuves Kodak de 5 litres toujours prêtes au labo.

10 mn car lors de la prise de vue, ne me souvenant pas exactement des corrections de filtres (j'avais en mémoire +2, +2, +3 pour R, V et B), j'ai exposé pour 100 iso (2 stops) alors que les corrections annoncées sont en fait de +3, +3 et +4 !

 

Les négatifs sèchent, ils sont superbes.

 

Ça laisse un peu rêveur en pensant que ces trois vues faites de nuances de gris vont donner une image en couleur !

 

Une grande impatience se fait alors sentir, mais laissons faire ; demain ce sera sec.

 

 

Un premier scan de l'ensemble des trois vues :

Les trois vues étant prises dans l'ordre R V B, il est facile de reconnaître chaque 'couleur' avec le n° sur le film.

L'avantage du film 120 en trichromie est qu'il est possible de scanner les trois vues en même temps avec un scan à plat et couvercle lumineux, récent.

Ainsi, la coïncidence des trois couches se fera uniquement par mouvement vertical ou horizontal. Scanner trois originaux différents (comme en 4x5") demande souvent une rotation pour une superposition parfaite ; ce qui est plus délicat.

J'isole alors les trois vues par sélection successive, créant ainsi trois fichiers et les appelle r, v et b.

Ils sont en niveaux de gris et représentent chacune les trois couches R, V et B qui vont former l'image finale en couleur.

 

Je crée alors une nouvelle image vide, de même format et en RVB que j'appelle 'final'.

 

Ses trois couches sont vides, comme on pouvait s'y attendre ; reste à les remplir avec nos trois images précédentes en respectant les couches.

La copie d'écran ci-dessous montre les trois images r, v et b issues du scan ainsi que l'image couleur vide.

 

On prend l'image "r" prise avec le filtre rouge, on sélectionne tout 'Ctrl A' sur PC, puis dans l'onglet couches copions la couche unique (on est en niveaux de gris) 'Ctrl C' et allons la coller 'Ctrl V' dans la couche rouge de l'image finale qui est en RVB.

 

De même pour les deux autres couleurs.

 

 

Reste à caler ces trois couches par déplacement pour obtenir l'image finale :

 

Les irisations sur la branche sont dues aux ombres mouvantes au gré du vent dans les feuillages, entre les trois vues ; de même pour l'arrière-plan. Un effet très impressionniste dans le cas présent.

 

Une légère rectification de la chromie et un peu d'accentuation donnent une image finale améliorée :

 

 

Une autre image réalisée dans la foulée : le traditionnel bouquet.

 

Tout y passe ...

 

Par comparaison, les mêmes salades en prise de vue HDR :

HDR : High Dynamic Range. Plus de détails ICI.

 

Reste maintenant à maîtriser tous les facteurs en présence :

Filtres, film-révélateur, scan etc.

Dans ces deux exemples, il y a un scan unique des trois images, sans rectifications.

Michel GUIGUE - juin 2007.

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